Je suis prof et je désobéis
EAN13
9782911939884
Éditeur
Indigène éditions
Date de publication
Collection
Ceux qui marchent contre le vent
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Je suis prof et je désobéis

Indigène éditions

Ceux qui marchent contre le vent

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« En sept années de « réformes » de l’enseignement primaire, tout ce en quoi
je croyais est mis à mal, sans concertation préalable, sans l’adhésion des
professionnels et sans véritable information des parents : le statut de
l’école, le rôle de l’instituteur, la place de l’enfant. Égrenées année après
année, ces transformations ont pu sembler diffuses. En vérité, elles s’avèrent
d’une grande cohérence. Au travers des restrictions budgétaires et du
désengagement de l’État, elles servent le double objectif de diminuer la
qualité du service public d’éducation et de préparer l’ouverture d’un marché
concurrentiel. Ainsi, l’État fera des économies et le privé, lui, des profits
! L’éducation n’est pas un coût, mais un investissement. Ses bénéfices ne sont
pas financièrement quantifiables mais humainement indiscutables. Comme ce fut
le cas à l’hôpital – et la future loi hôpital, patients, santé et territoires
ne fera qu’aggraver la situation -, je vois entrer à l’école, sous couvert de
modernisation, les principes économiques et les outils de management qui
régissent le monde professionnel que j’ai voulu quitter, écœuré par l’idée que
les vies humaines comptent moins que les enjeux financiers. Parti de
l’entreprise pour aller vers l’école, je suis en train de vivre la mutation de
l’école en entreprise ! L’école souffre des mêmes maux que notre société : le
délitement des libertés individuelles et collectives, l’abandon des valeurs
humanistes, l’inégalité des chances. J’ai le sentiment désagréable que,
dorénavant, sa mission se réduit à préparer un individu sélectionné, formaté,
fiché dès sa plus tendre enfance. Seul un nouveau projet de société généreux
et ambitieux – depuis la crise financière, nous savons tous qu’il est possible
de trouver beaucoup d’argent lorsque c’est jugé nécessaire – permettra à
l’école publique de renouer avec sa vocation républicaine : offrir à tous les
enfants, sur tout le territoire, le même enseignement élémentaire et
fondamental, pour permettre une véritable émancipation sociale. Début novembre
2008, cette réalité m’apparut définitivement insupportable. Je contactai un
syndicat pour savoir si je pouvais démissionner du jour au lendemain. La
réponse fut négative. Fin novembre, je pris ma plus belle plume et écrivis une
Lettre au président de la République. Un cri d’alerte ! Resté sans réponse…
Comme d’ailleurs tous les appels à un grand débat public, portés par les
mouvements citoyens actuels. Que me restait-il à faire ? En toute conscience :
désobéir ! »
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