Poésies (Album de Vers Anciens - Charmes - Amphion - Sémiramis - Cantate du Narcisse - Pièces diverses de toute époque)
EAN13
9782072670114
Éditeur
Gallimard
Date de publication
Collection
Poésie/Gallimard
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Poésies (Album de Vers Anciens - Charmes - Amphion - Sémiramis - Cantate du Narcisse - Pièces diverses de toute époque)

Gallimard

Poésie/Gallimard

Indisponible
L'amateur de poèmes SI je regarde tout à coup ma véritable pensée, je ne me
console pas de devoir subir cette parole intérieure sans personne et sans
origine ; ces figures éphémères ; et cette infinité d'entreprises interrompues
par leur propre facilité, qui se transforment l'une dans l'autre, sans que
rien ne change avec elles. Incohérente sans le paraître, nulle instantanément
comme elle est spontanée, la pensée, par sa nature, manque de style. MAIS je
n'ai pas tous les jours la puissance de proposer à mon attention quelques
êtres nécessaires, ni de feindre les obstacles spirituels qui formeraient une
apparence de commencement, de plénitude et de fin, au lieu de mon
insupportable fuite. UN poème est une durée, pendant laquelle, lecteur, je
respire une loi qui fut préparée ; je donne mon souffle et les machines de ma
voix ; ou seulement leur pouvoir, qui se concilie avec le silence. JE
m'abandonne à l'adorable allure : lire, vivre où mènent les mots. Leur
apparition est écrite. Leurs sonorités concertées. Leur ébranlement se
compose, d'après une méditation antérieure, et ils se précipiteront en groupes
magnifiques ou purs, dans la résonance. Même mes étonnements sont assurés :
ils sont cachés d'avance, et font partie du nombre. MU par l'écriture fatale,
et si le mètre toujours futur enchaîne sans retour ma mémoire, je ressens
chaque parole dans toute sa force, pour l'avoir indéfiniment attendue. Cette
mesure qui me transporte et que je colore, me garde du vrai et du faux. Ni le
doute ne me divise, ni la raison ne me travaille. Nul hasard, mais une chance
extraordinaire se fortifie. Je trouve sans effort le langage de ce bonheur ;
et je pense par artifice, une pensée toute certaine, merveilleusement
prévoyante, – aux lacunes calculées, sans ténèbres involontaires, dont le
mouvement me commande et la quantité me comble : une pensée singulièrement
achevée.
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