La librairie des livres interdits

Un joli moment de lecture, où l'on revient sur l'importance de la littérature et son impact sur la vie des lecteurs.

C'est l'histoire de Mitch, un libraire qui vient de passer cinq années en prison pour avoir vendu des livres interdits par le Gouverneur de la ville qui a promulgué la loi HB 1467. Il retrouve sa librairie avec la volonté de la rouvrir et de retrouver ses clients, de pouvoir à nouveau conseiller des romans. Mais il croise le procureur Salinas qui l'a injustement condamné. Il cherche comment se venger, en le supprimant ou en lui causant du tort.
Anna est une jeune cheffe qui vient ouvrir un restaurant dans la même ville. Elle a subi une agression et "a un peu tué", comprenez qu'elle s'est vengée. Cette femme qui a du tempérament se prend d'affection pour le libraire au point de chercher à comprendre pourquoi et comment le procureur l'a condamné . Et s'il avait été dénoncé ? Et si quelqu'un lui en voulait ?
Comme les autres romans de Marc Lévy, celui-ci est agréable et facile à lire, mêlant romance et polar, avec des touches d'humour, mais il est plus engagé. Dommage que l'intrigue soit aussi prévisible, qu'il contienne des coquilles, que les personnages complexes et torturés soient faiblement structurés. Le sujet glaçant de la censure littéraire aurait mérité un traitement plus noir.

L'auteur alerte sur les méfaits de la censure qui permet d'interdire la lecture d’œuvres littéraires comme Le rouge et le noir, La Servante écarlate, Fahrenheit 451 au motif de leur amoralité, qu'ils abordent des questions de race, de sexe, de genre et qu'ils choqueraient ou pervertiraient les lecteurs. L'accès à la littérature est une bouffée d'air pour ceux qui vivent dans des sociétés stressantes, qui subissent des oppressions. Il donne matière à réfléchir. Mais la liberté d'expression et de pensée ne plaît guère aux dictateurs, aux autocrates et aux conservateurs. Les censeurs sont toujours prompts à se lever, comme cela se passe aux États-Unis où des milliers de livres sont retirés des librairies et des bibliothèques. Au long du roman, on découvre la loi américaine HB 1467, cette loi qui n'interdit pas de publier des livres, mais qui en interdit la vente ou le prêt, et qui, donc, en interdit la lecture… Une annexe donne une liste de livres interdits par cette loi.
"La librairie des livres interdits" pourrait n'être qu'un livre léger et divertissant, mais il rappelle que les livres sont des objets d'émancipation, il alerte sur la fragilité de la liberté d'expression, sur les dérives de la censure, sur la nécessité d'une résistance culturelle.

Mitch est un libraire passionné, condamné à cinq ans d'emprisonnement pour avoir vendu des livres interdits. À sa sortie, il est tiraillé entre son envie de vengeance et son amour naissant pour Anna, une jeune femme aussi belle que mystérieuse.
C'est l'histoire d'une injustice, c'est l'histoire d'une vengeance, c'est l'histoire d'un amour.
Mais laquelle sera celle de Mitch ?
Un roman intelligent et prenant qui nous interroge sur des thèmes essentiels comme la censure et l'obscurantisme, mais aussi sur le pouvoir de l'amour et la soif de vengeance.
Une belle déclaration de Marc Levy à la liberté de lire et de penser.