La cité des rêves

Wojciech Chmielarz

Agullo

  • Conseillé par
    4 mars 2020

    policier, Pologne

    Quel plaisir de retrouver Le Kube (Jakub Mortka) et son acolyte La Sèche sur une nouvelle enquête.

    Un des élégants quartiers en vase clos de Varsovie, un petit paradis sur terre dont rêvent tous les polonais se trouve brutalement plongé dans le drame : ce matin, au pied des immeubles modernes tout confort, le gardien a découvert le cadavre d’une étudiante en journalisme.

    Pour Mortka, chargé de l’enquête avec l’aide de la lieutenante Suchocka, le coupable semble d’abord tout désigné.

    Mais ce qui paraît simple va prendre à mesure des investigations la portée d’un vaste scandale.

    Ici, comme dans une Pologne en miniature, politique et mafia, sexe et drogue, ambitions et aspirations, secrets et rêves parfois meurtriers se rencontrent…

    N’oublions pas Kochan qui reprend du service dans un tout petit bureau dans lequel son chef lui a laissé pleins de cold-case. Contre toute attente, Kochan se prend au jeu et résout quelques affaires vieilles de plus de 5 ans.

    J’ai aimé le ton parfois décalé du Kube, notamment lorsqu’il se gare n’importe où dans la Cité, entrainant les foudres d’un propriétaire de SUV qui lui fait des misères.

    J’ai souris lorsque les gros bras entraient en action, sans délicatesse (ce n’est pas ce qu’on leur demande) et sans suite dans les idées.

    J’ai aimé la vision du monde politique polonais de l’auteur ; sa vision du monde journalistique.

    J’ai eu de la peine pour la jeune femme de ménage ukrainienne soupçonnée du meurtre. Les ukrainiens ne sont pas aimé des polonais à cause des massacres de Volhynie.

    Et cette fin qui m’a mise sur les dents. Vite, la suite !

    Quelques citations :

    Puis était venu le temps du réarmement moral, après que les politiciens se furent rendu compte qu’il était plus facile de gagner les élections en parlant de valeurs et non de croissance du produit national brut.

    Des journalistes au chômage, précisa Ostrowski. Qui signeront la première connerie venue pour qu’ils puissent gagner leur vie et se faire un nom.

    Marek avait bien vu comment le système fonctionnait dans sa ville natale et il reconnaissait les mêmes mécanismes dans le petit monde des start-up. Seul comptait celui qui avait la mains sur le pognon, et comme la principale source de pognon était l’Union européenne, tout ramenai à la politique.

    L’image que je retiendrai :

    Celle du parking de la Cité, trop petit pour toutes les grosses voitures des propriétaires.

    https://alexmotamots.fr/la-cite-des-reves-wojciech-chmielarz/


  • Conseillé par
    26 février 2020

    Quatrième aventure du Kub, et cette fois-ci, plongée dans le délicat et et tendre monde politico-médiatique. Wojciech Chmielarz ne fait pas dans le tous pourris et je lui en sais gré, ce serait trop facile. Le Kub mène son enquête, minutieusement ne voulant passer à côté de rien et, chemin faisant, d'autres histoires se font jour. Il y a aussi son collègue, Kochan, mis au placard et qui revient s'occuper des vieux dossiers qu'il parvient à résoudre rapidement, ce qui ajoute un peu de piment à l'histoire.

    C'est la Pologne actuelle que décrit l'auteur, son pays qui est entré dans l'Europe, mais d'un seul pied, l'euro n'y est pas encore la monnaie officielle, ses relations tendues avec l'Ukraine, cette dernière ne voulant pas reconnaître un massacre de Polonais pendant la guerre par des nationalistes ukrainiens. Un polar et une série ancrés dans leur époque et leur pays qui nous le font découvrir, pourtant pas si loin de chez nous. C'est étonnant de voir qu'un polar polonais peut nous paraître plus exotique qu'un polar étasunien.

    J'aime beaucoup cette série et son héros récurrent, Le Kub qui semble s'assagir un peu, sans quitter ses indignations et ses colères pour autant, il les canalise mieux. Il évolue au fil des livres et je trouve cette idée excellente. Je parierais, au vu de la fin de ce volume, que d'autres suivront. Chic. A noter le beau travail des éditions Agullo et la traduction d'Erik Veaux, qui s'y colle depuis le premier tome.