Femme à la mobylette

Jean-Luc Seigle

Flammarion

  • Conseillé par
    20 août 2018

    Portrait d'une femme inoubliable

    Reine est une jeune femme de 35 ans, très fragile, une laissée pour compte. Orpheline, élevée par sa grand mère, elle voit sa vie depuis quelques temps en chute libre, suite à une série d'événements malheureux qui l'ont frappée.
    Il y a d'abord eu la perte de son emploi, suivi d'une période de chômage de trois ans puis le départ de son mari pour une femme plus jeune et enfin, la procédure en cours pour lui retirer la garde de ses trois enfants.
    Comment faire pour retrouver un travail quand on habite dans une maison retirée, sans moyen de locomotion et avec un manque d'énergie pour s'accrocher à la vie ?
    Un jour, Reine entreprend de faire le vide dans son jardin, devenu une décharge à ferrailleur, par la quantité d'objets divers que son mari a entreposée.
    Elle y découvre, par miracle, une mobylette en état de marche qui va changer le cours de sa vie. Elle va pouvoir accéder à l'emploi qu'elle avait été contrainte de refuser faute de moyen de se déplacer.
    On va alors assister à la transformation de cette jeune femme qui va trouver en elle la force de se redonner une certaine élégance, pour décrocher le travail.
    Elle devient thanatopractrice.
    Son patron découvre rapidement qu'elle n'est par une simple employée mais une véritable artiste, qui a à coeur de donner aux familles, la plus belle image possible de leur défunt.
    Lors de ses fréquents déplacements à mobylette pour se rendre au travail, elle fait la connaissance, sur une aire de repos, de Jorgen, un routier néerlandais avec lequel elle va découvrir le véritable amour. Il la traite avec délicatesse ; elle se sent à nouveau vivante, femme.
    Une femme pour qui le simple regard d'un homme dont elle tombe amoureuse, ravive une confiance en elle, mise à mal par des années de galère.
    On se dit alors que tout est possible mais... je ne vous en dis pas plus.
    Cette mobylette apportera-t-elle finalement le bonheur qu'elle cherche dans tous les recoins du monde et surtout à quel prix ?

    C'est un roman d'une grande sensibilité. J'ai ressenti beaucoup d'émotions en le lisant. C'est une histoire qui nous embarque et nous fait vibrer.
    Je le conseille vivement.


  • Conseillé par
    29 novembre 2017

    Quel magnifique portrait de femme !
    Une femme simple dans une situation pas simple.
    Son mari l’a quittée, elle élève seule ses trois enfants, elle ne trouve pas de travail.
    Combien de femmes dans son cas ?
    Ce livre est une superbe manière de leur rendre hommage.
    Et il est tellement bien écrit. Sans misérabilisme, mais avec tellement de sensibilité.
    La vie, ce n’est pas que des situations parfaites pour des créatures de rêve.
    Et bien les livres, c’est pareil. D’aucuns peuvent dire qu’ils sont faits pour nous faire rêver. Peut-être, mais pas que.
    Ils peuvent aussi nous raconter la vie de femmes quelconques mais fascinantes, retrouver un sens à leur vie, justifier de leur existence, leur donner une place honorable dans la société.
    Et Jean-Luc Seigle a ce talent : faire ressortir la richesse de chacun.
    J’ai adoré Reine, ses faiblesses et ses élans, sa réserve, sa beauté intérieure, ses défaillances et ses talents….
    Et puis l’écriture coulante, sans retenue, avec les mots justes, de l’émotion, de la tendresse.
    Le super bonus de ce livre, c’est le deuxième texte où l’auteur témoigne de son voyage aux Etats-Unis. L’émotion faisant suite au roman en est décuplée.
    Entre autre j’en retiens ce morceau de phrase : « Croire qu’un trésor est caché dans le plus misérable d’entre nous….. ». C’est tout à fait le sentiment que m’a donné Reine.


  • Conseillé par
    9 novembre 2017

    pauvreté

    Elle est pauvre, Reine : sans emploi depuis peu, son mari l’a quitté. Seul avec ses trois enfants dont elle peine à payer la cantine. Les assistantes sociales ne sont pas loin, qui régulièrement la visite.

    Un jour (premier miracle), elle découvre une mobylette sous le tas d’immondices qui encombre son jardin. Elle peut ainsi trouver un travail. Elle en a du courage, Reine, de partir seule à mobylette sur les petits chemins, frôlée par les camions.

    Second miracle, elle rencontre Jorgen qui lui fait découvrir Rembrandt et qui l’aime, vraiment.

    J’ai été stupéfaite de découvrir que la grand-mère de Reine, pourtant si communiste, allait tout de même prier, même en cachette.

    J’ai aimé le courage de Reine pour garder ses trois enfants et le semblant d’harmonie familiale malgré ses crises de « trop plein ». J’ai aimé ses tissanderies qui émeuvent les clients de son patron. Car elle est douée de ses mains, Reine, mais de nos jours, cela n’a plus aucune valeur.

    Malgré tout, j’ai trouvé certaines situations un brin caricaturales : la mobylette découverte par hasard et qui arrange tout ou presque, le bonheur trouvé dans un semi-remorque sur un parking, l’amoureux artiste, la belle maison de l’ex-mari.

    Il y a comme quelque chose de plaqué, de peu crédible dans l’enchaînement des situations miraculeuses qui vient altérer l’élan romanesque d’ensemble, et qui finalement, a nuit à mon adhésion pleine et entière au texte.

    Toutefois, je n’ai pas boudé mon plaisir de lecture, et Reine restera pour moi un personnage fort.

    L’image que je retiendrai :

    Celle du sixième continent de pauvreté, idée développée en fin de volume.

    Quelques citations :

    « Alors, elles pouvaient prier le mort avant de s’endormir, elles-mêmes mortes de fatigue, dans l’espoir de ressusciter vers les cinq heures du matin avec lui, pour recommencer le travail des jours. C’était ça, le miracle de la résurrection des corps, rien d’autre. » (p.92)

    « New York, malgré sa Cinquième Avenue, m’apparut alors être la plus grande ville de pauvres du monde, la seule entièrement faite par des pauvres, construite par des pauvres et même rêvée par eux. » (p.170)